Depuis longtemps l'idée d'un voyage aux Canaries me trottait dans la tête. Travailler une saison sur l'une des îles, en profiter pour visiter les autres, et faire du bateau-stop quand les alizées se mettraient à souffler en début d'hiver.
Finalement ce long voyage n'a jamais pu avoir lieu et en fin d'hiver 2022 nous décidons d'organiser un séjour plus court. De fin-avril à fin-mai nous sommes parti dans l'idée d'un voyage ornitho, à la découverte des oiseaux endémique de l'archipel.
Nous avions l'intention de voyager à vélo, de traverser les sept îles pour chercher les meilleurs endroits où observer les espèces rares. Pour des raisons personnelles nous avons du laisser les vélos en France, et nous nous sommes orienté vers un voyage de randonnée itinérante. Il faut s'avoir s'adapter ! Le GR 131 traverse toutes les îles, de Lanzarote, la plus à l'Est à El Hierro, la plus à l'Ouest.
Camping au Canaries
Une fois de plus nous avons remis en cause cette option. L'itinéraire paraît assez attirant mais il nous a paru difficile à réaliser en camping sauvage, comme nous en avons l'habitude. D'une part parce que les zones où l'on peut bivouaquer ne sont pas légion, beaucoup de pente, beaucoup de végétation exubérante et/ou piquante. D'autre part parce que les occasions de faire le plein d'eau sont rares également. Les campings sont presque inexistants : 1 seul sur La Gomera et 3 ou 4 sur La Palma.
Le camping sauvage est théoriquement interdit et il n'y a quasiment pas de campings classiques. Au dire des locaux, le lobby des chambres d'hôtes poussent les municipalités à refuser la créations d'espaces qui pourraient leur faire concurrence.
Sur Tenerife il y a de nombreuses "zonas de acampada" où il est possible de planter la tente gratuitement sur réservation. Mais elles ne sont pas toujours bien accueillantes ou bien placées. L'eau est souvent "non potable", les toilettes sont en général fermés entre 17h et 9h, et il y a rarement des douches. L'option de dormir dans les nombreuses "Casa rurales" assez bon-marché serait à envisager.
Voyager à vélo aux Canaries
Nous sommes finalement assez contents de ne pas avoir pris les vélos. Les îles de l'Ouest (El Hierro, La Palma, La Gomera, Tenerife, Gran Canarias) sont très raides. Les routes, surtout celles qui remontent de la mer sont extrêmement raides. J'avais parfois peur de caler, en 1ère, avec la voiture de location que nous avons louer sur la deuxième partie du voyage. A vélo je pense que nous aurions un peu transpiré !
Pour finir nous avons découpé le voyage en 3 :
Pour trouver les meilleures endroits où voir des oiseaux nous avons suivi les conseils de l'excellent guide naturaliste Crossbill - Canary Islands. Par contre, nous avions aussi acheté le guide de randonnée Cicerone - Trekking Canary Islands qui s'est révélé assez inutile. Les chemins de rando sont très bien balisés sur le terrain et avec une application GPS qui donne les fonds de carte OSM on s'en sort très facilement.
Etages de végétation aux Canaries, et leurs flore et faune associés
L'altitude et l'exposition aux Alizées découpe les îles en micro-climats particulièrement marqués. Dans l'ordre, on trouve (espèces typiques mais beaucoup peuvent être trouvées à d'autres étages) :
- la frange littorale : Ficoïde glaciale, palmeraies sous serres, Pipits de Berthelots, Faucons crécerelles, Martinets unicolores, ...
- l'étage des plantes succulentes : Euphorbe des Canaries, Euphorbes balsamiques, Pie-grièches grises, Fauvettes à lunettes, ...
- l'étage des plantes thermophiles : cultures potagères, palmiers, avocatiers, papayers, ricin, Figues de Barbaries, Pouillots des Canaries, Serins des Canaries, Mésanges Nord-Africaine, Fauvettes mélanocéphales, Tourterelles des bois ...
- la Laurisylva : Lauriers, nombreuses fleurs sur les talus ensoleillés, végétation de sous-bois, Merles noirs, Pinsons des Canaries, Pigeons des lauriers et de Bolle,
- l'étage de la bruyère arborescente : bruyère, graminées, Digitale des Canaries, Roitelets de Tenerife, Rougegorge familier, ...
- les champs de céréales : Perdrix gambra, Bruant proyer
- la pinède : pins des Canaries, Cistes, Pinsons bleus (seulement Tenerife), Pics épeiches, grands Corbeaux, ...
- les hautes-terres : Violette des Canaries, Vipérine de Tenerife, Craves à bec rouge (seulement La Palma)
Trekking et rando itinérante sur La Gomera, Canaries
Étape à El Cedro : 5km et 600m D+
Après avoir rapidement fui Tenerife et ses resorts all-inclusive nous avons pris le ferry pour San Sebastian de la Gomera. Les ferry sont de bons moyens d'observer les oiseaux marins. Beaucoup de Puffins cendrés et des cétacés, probablement des globicéphales, sont au rendez-vous.
Astuce : Les bateaux de la compagnie Fred Olsen sont plus bas que ceux de Armas. L'angle de vue et la plus faible hauteur permet de meilleures photos !
Nous prenons le bus pour rejoindre le seul camping de l'île situé dans la forêt de Laurier, la route tortueuse donne de magnifiques points de vue sur les vallées veinées de Dykes. La laurisylva est un éco-système particulier des archipel de l'atlantique et particulièrement bien préservé sur La Gomera. El Cedro est le cœur accessible du massif forestier. Pas de transport en commun pour la dernière partie, nous rejoignons le hameau par une route aux talus couverts de fleurs puis un sentier de randonnée.
Astuce : Il existe une coupante pour éviter le dernier petit col en passant par un tunnel qui conduisait l'eau d'une vallée à l'autre. Lors de notre visite une éboulement du plafond avait retenu l'eau sur une bonne partie du parcours. Méfiance. D'autre-part le stop n'est pas très efficace ...
Aux alentours du villages, dans les jardins et aux lisières, de nombreux Pouillots des Canaries, Pinsons des Canaries et des Merles noirs.
Dans la forêt, il règne une humidité constante due aux Alizées qui amoncellent les nuages contre les versants Nord. La forêt capte l'humidité et la restitue en partie, donnant naissance au petit ruisseau d'El Cedro, plus grand court d'eau de l'île, voir de l'archipel. La terre est rouge, on peut voir dans certaines falaises l'amoncellement de bombes volcaniques anciennes. La végétation est exubérante : joubarbes géantes, fougères, mousses couvrant les arbres tordus, ... Il fait frais, nous sortons la doudoune la 1ère matinée.
Dans le village, nous apercevons nos 1ers serins des Canaries (canaris) qui mangent des graines sur les fleurs des jardins.
Rando vers l'Alto de Garajonay : 15km et 750m D+/-
Depuis El Cedro nous empruntons en sens inverse par rapport aux indications, le chemin 18, qui balise l'itinéraire jusqu'à l'Alto de Garajonay, le point culminant de l'île. En sortant de la Laurisylva on arrive dans la Bruyère arborescente. Nous croisons et surtout entendons le chant des Roitelets de Tenerife et des Rougegorges.
En sortant des derniers arbres, il n'y a plus que des fleurs et des graminées. Le vent est assez fort mais a dégagé la vue. Elle porte jusqu'à Gran Canarias, le Teide voisin est omniprésent.
Nous continuons la route 18 pour redescendre, par moment le long d'une crête d'où un magnifique Sylke se détache, le Roque de Agando. La boucle est à faire sur la journée pour avoir le temps de faire quelques observations en chemin.
Descente par les sentiers sur Hermigua : 10km et 1000m D-
Nous empruntons le sentier escarpé mais sans difficulté qui longe le cours d'eau du Cedro et la cascade du Chorro de Agua. Le climat se réchauffe à mesure que nous rentrons dans l'étage des plantes thermophiles.
Astuce : On l'oublie un peu au vu des dimensions de l'île mais les dénivelés sont vite importants. Pensez à regarder les altitudes en lisant la carte. Ça chauffe les cuisses !
Le chemin longe les terrasses cultivées et rejoins les premières maisonettes colorées : Palmiers de la Gomera, vignes et Ricins sauvages ont supplantés les lauriers. On croise des Fauvettes à tête noire, des Chardonnerets élégants et des Serins.
Dans le parc d'Hermigua, sous la route principale, on observe des libellules, des Foulques, des Gallinules et de nouveau pas mal de Fauvettes à tête noire plutôt confiantes, puis des pipits de Berthelot en arrivant à la côte.
En rejoignant la côte nous trouvons une "plage" de gros blocs de basalte noirs. Sur les côteaux de nombreuses terrasses ont été construites, beaucoup sont abandonnées et envahies par les euphorbes. Ce qui les rend difficilement accessible pour du camping sauvage.
La nuit tombée, les Puffins se lancent dans un grand concert. Le premier pour nous, c'est assez spectaculaire. Au crépuscule on aperçoit aussi notre première Perdrix gambra.
Randonnée par Lepe, Agulo, le Camino Réal, le mirador de Abrante et Juego de Bolas : 12km et 1100m D+
Nous suivons le sentier côtier et les petites routes. Le hameau de Lepe est très mignon, Agulo se donne des airs de village colonial, mais tout est fermé, c'est dimanche. On ne trouve de l'eau qu'au cimetière municipal. C'est d'ailleurs, l'heure de pointe, il y a du monde pour fleurir les tombes.
Nous montons sur le plateau du mirador de Abrante par le Camino Real. Sentier empierré magnifique et bien raide sous le soleil ! De nombreuses fleurs colorées poussent dans les interstices, sur le haut nous croisons quelques rares pins des Canaries qui poussent à travers la terre rouge bordeaux.
Le mirador est fermé, ce qui cause la déception des nombreux visiteurs arrivés en voiture. Ils en oublient de profiter de la vue exceptionnelle sur la mer et d'emprunter les sentiers de terre qui ondulent sur les vagues minérales de ce paysage sédimentaire rare dans l'archipel.
Astuce : Le dimanche tout est fermé. C'est à dire qu'il n'y a pas possibilité d'acheter à manger, voire de trouver à boire ou de visiter (sauf l'éco-musée de Juego de Bolas).
Nous continuons en suivant la route qui traverse une pinède, un peu écrasés par le soleil. Nous serons surpris tout le long du voyage par le manque d'espaces ombragés pour se reposer ou pique-niquer ...
La visite de l'éco-musée de Juego de Bolas est intéressante. On peut goûter aux galettes de Gofio servies dans le petit café. Il y a des expos et des vidéos intéressantes sur la vie rurale d'avant : utilisation d'un grand baton, l'Astia, pour passer sur les reliefs escarpés, langage sifflé, plantes sauvages comestibles, poterie, ...
Nous campons au bord d'un barrage, à mi-chemin de Vallehermoso. Il y a un petit troupeau de chèvres qui occupe la friche.
En chemin vers Vallehermoso : 7km et 700m D-
Nous passons le col pour redescendre sur la vallée de Vallehermoso. Nous dérangeons au passage un Pigeon de Bolle, bonne coche ! Surtout qu'ils ne seront pas faciles à voir sur le reste du voyage.
Le Roque Cano, impressionnant Sylke sert d'amer au village et le sentier passe au pied.
Sur les conseils du propriétaire de BnB nous visitons le jardin botanique abandonné. De nombreux palmiers du monde entier entourent un bâtiment d'architecte. Pas d'intérêt majeur si ce n'est deux Perdrix gambra.
La petite ville est agréable, les cafés et les restaurants bons-marchés, comme un peu partout sur l'archipel.
Randonnée en boucle par Chijere : 12km et 800m D+/-
Très belle rando en boucle vers le Nord-Ouest depuis le centre de Vallehermoso. Avec des paysages variés : Cèdres-genévriers des Canaries, prairies, cultures de palmiers, avocatiers, manguiers, papayers, ...
Les chemins de montée et de descente sont parsemés de cristaux de quartz et de pyroxène. La crête offre une magnifique vue sur les eaux turquoises en contrebas. Le chemin passe par une petite chapelle qui doit abriter des pèlerinages vu l'aire de pique-nique qui y est adossée.
Pour remonter sur Vallehermoso nous suivons la route de terre qui passe entre les jardins et les plantations. Les palmiers sont exploités pour leur sève qui est cuite à la manière du sirop d'érable, on peut observer la méthode de récolte tout au long du chemin.
Fauvettes et libellules rouges (Crocothemis erythraea).
Nous enchaînons en prenant un bus qui nous emmène à Arure. Le lieux à l'air sympa, très différent des paysages que nous avons vu jusqu'à maintenant. Beaucoup de prairies de graminées avec des apiacées et des Mauves, survolées par des Faucons crécerelle et des Buses variables.
Les lieux nous paraissent beaucoup plus "campables" que d'habitude mais nous changeons de bus pour aller en direction de l'Alto de Garajonay. Passage à travers les petits villages de montagne de El Cercado et Chipude.
Le brouillard est bien installé sur les hauteurs. Quand le bus nous débarque à Pajarito le vent souffle et l'humidité nous surprend. Nous installons le campement au bord du chemin de crête balayé par les alizés qui descend sur Imada.
Découverte du Barranco de Guarimiar : 9km et 1200m de D-
Nous rejoignons d'abord des terrasses enherbées par des chemins bordés de murets avant d'arriver au village d'Imada. Le sentier continue entre les buissons de Romarin et de Poleo, d'abord dans le fond du barranco puis à flanc de grandes falaises. Très belle ambiance, des sentiers de bergers reliés par des escaliers de pierre assez vertigineux semblent avoir été tracés de l'autre côté.
Une perdrix surprise joue son numéro de l'aile cassée pour nous distraire de ses petits cachés dans un agave en bord de chemin.
Au niveau du hameau de Guarimiar un ruisseau passe entre des vasques peu profondes. Pas mal de libellules (Thritemis arteriosa et Orthetrum chrysostigma). On entend (probablement) des moineaux Soulcie mais sans les voir.
En explorant les terrasses abandonnées nous pouvons faire une belle observation de Fauvette mélanocéphale dans les figuiers de Barbarie.
Descente vers Playa de Santiago : 7km et 400m D-
Nous empruntons la route qui descend vers la côte. La ville balnéaire de Playa de Santiago ne présente pas vraiment d'intérêt. J'ai cherché sans les trouver les Roselins githagine sensés être du côté des lotissements abandonnés à l'Ouest vers l'aéroport.
Un bus nous ramène à San Sebastian pour prendre le ferry du soir qui va à La Palma. De nouveau les Puffins sont bien visibles en mer.
Tourisme volcanique et randos naturalistes à la journée sur l'île de La Palma, Canaries
Randonnée sur la Cumbre Vieja par le Refugio El Pilar : 6km et 350m D+
A La Palma nous récupérons une voiture de location pour nous faciliter l'accès aux randos et ne plus avoir à transporter des litres d'eau pour le bivouac.
Astuce : les voitures de locations sont à tarifs très accessibles, environ 20€ par jour.
Depuis la route qui rejoint l'aire de camping Refugio El Pilar nous randonnons vers les crêtes de la Cumbre Vieja. Les sentiers sont recouverts des cendres volcaniques de l'éruption de l'automne 2021. Les toits des bâtiments sont parfois recouverts d'une couche de plusieurs centimètres. Plus tard nous trouverons des traces révélant une épaisseur de 25cm.
Les arbres ne donnent pas l'impression d'avoir trop soufferts et quelques plantes, surtout des fougères commencent à ressortir de ce que nous avons d'abord pris pour du sable ancien.
Les sentiers de randonnée vers le Pico Birigoyo et la Barquita, cônes de cendres situés sur la fissure éruptive, sont plus ou moins fermés, et n'ont pas encore été retracés. Il faut louvoyer entre les Cistes pour rester sur l'itinéraire. Nous redescendons par un vallon qui contourne le Monte Pelado.
Dans la Pinède d'El Pilar nous faisons une belle observation d'un Grand corbeau. L'oiseau vient réclamer à manger. Il stocke dans sa gorge quelques morceaux qu'il arrive à chiper puis part les cacher à quelques mètres ou les emmène un peu plus loin dans les pins puis revient. Avant de nous quitter définitivement il vide minutieusement sa cachette.
Nous dormons à côté du camping de Laguna de Barlovento que nous n'avions pas réservé. Un Verdier chante le matin.
Roque de los Muchachos et refuge de Punta de los Roques : 7km et 500m D+/-
Nous nous arrêtons aux piscinas naturales de Fajana puis nous rejoignons le point culminant de l'île en voiture : Roque de los Muchachos. Nous découvrons l'étage de la haute montagne qui était absent de l'île de la Gomera, trop peu élevée. C'est l'occasion de voire nos premières Vipérines du Teide, variante de La Palma. Les inflorescences roses font plusieurs mètres de haut. On croise aussi les petites Viola du teide, fleurs les plus adaptées à l'altitude de l'archipel.
La vue depuis le sommet sur la caldera de Taburiente est impressionante. Les pentes sont très raides et hautes de 1500 mètres. On peut apercevoir les entrailles du stratovolcan principal de l'île. Les couches colorées de pyroclastes et celles noires de lave aa sont marbrées de Dykes gigantesques, témoins des fissures qui parcouraient l'édifice avant qu'ils ne s'effondre sur son flanc Sud-Ouest.
Nous terminons la journée en allant dormir au refuge non-gardé de Punta de los Roques. Magnifique petite bâtisse en pierres sur la crête de la Cadera. Il y a un réservoir d'eau de pluie sur le côté du refuge, l'électricité pour la lumière, des baflancs dans le dortoir et du parquet ciré dans les deux pièces !
Le chemin monte d'abord en balcon Est suit ensuite l'arête en descente et passe par un site de gravures rupestres datant d'avant la colonisation. Des martinets unicolores et des Craves à bec rouge nous escortent tout du long.
J'espérais faire des photos de la voie lactée mais la lune bien qu'encore loin d'être pleine éclaire tellement le ciel qu'on ne voit pas grand chose ...
Astuce : Les piscinas naturales sont le "bon plan" de La Palma. Les coulées de lave basaltique ont créé des digues naturelles sur la mer enfermant des bassins plus ou moins grands reliés sous la surface à l'océan. Quand il y avait besoin, les locaux ont amélioré les spots avec du béton. L'aspect général est du coup parfois assez brut mais l'ambiance y est très bon enfant et ce sont de très bons spots de détente, et de douche gratuites !
Coulées de lave récentes de Tazacorte
Après avoir visité le port balnéaire et le joli centre ville de Tazacorte nous passons par les rues détruites par l'éruption de l'automne 2021.
La coulée de lave aa solidifiée mesure plusieurs mètres de haut. Elle a fait disparaître des quartiers entiers. On la voit ressortir par la vitrine d'une banque, boucher une rue ou couper une palmeraie en deux. Depuis les hauteurs d'un petit cône volcanique ancien recolonisé par la végétation on comprend l'ampleur du désastre.
A côté de la coulée : la vie comme si de rien n'était, sous la coulée : le néant. Tout à été remis à zéro pour plusieurs centaines d'années.
Nous étions très curieux et impatients de voir ça, nous en repartons un peu écoeurés. est-ce que nous irions faire du tourisme sur le site d'une coulée de boue ou d'un tremblement de terre ? Non, probablement pas, et pourtant lors d'une éruption volcanique ce sont les mêmes conséquences, les habitants perdent leur maison, leur travail, leur patrimoine, ...
Au loin, la bouche éruptive ourlée de souffre continue de cracher quelques vapeurs toxiques.
Randonnée dans la caldera et nuit en camping à Playa de Taburiente : 8km et 850m D+
Au coeur de la caldera une zona de acampada permet de passer la nuit à côté du petit musée. Attention, il n'est pas sensé être possible d'utiliser de réchaud pour éviter les incendies.
Nous partons donc pour cette rando qui commence en remontant les gorges creusées par le ruisseau qui collecte les eaux de ce gigantesque réservoir privé. En effet, les propriétaires des terrains escarpés sont montés en collectifs, captent l'eau et la revendent aux planteurs de bananes.
Quelques sources ferrugineuses colorent certains passages comme à la petite Cascada de los colores.
Les gorges permettent de passer dans le complexe basal du volcan. On marche à travers des murs de basalte en coussins vert clairs recoupés de filons plus sombres. Puis le sentier se raidit et monte à travers de vieux pins au tronc large. La zone de camping est calme et reposante. Il y a peu de possibilité de randos mais le site offre au moins la possibilité de se reposer dans une zone "autorisée" au camping et avec de l'eau à dispo.
Retour le lendemain par le même itinéraire.
Salinas de Fuencaliente
Les alentours des salins de Fuencaliente sont assez spectaculaires par leur austérité. Les coulées de lave (surtout aa, quelques pahoehoe localisés en faisant le tour des bassins) sont encore bien sombres et ne sont égayés que par quelques petites touffes de fleurs de trefle jaunes.
Sur les bassins, deux Tadornes casarca semblent avoir raté leur bus.
Le lendemain nous irons passer deux journées à Santa Cruz d'où nous prendront le ferry pour terminer notre voyage sur Tenerife.
Observations ornithologiques et séjour randonnée sur l'île de Tenerife, Canaries
Réserve naturelle de Montana Roja
La journée passée sur la réserve de Montana Roja est en fait la première du séjour, à notre arrivée de l'aéroport. Mais par souci d'organisation je la décris ici.
Cette portion de côte à la particularité de présenter un petit massif dunaire relique de paysages aujourd'hui disparus sur l'île. Le cône volcanique rouge sombre qui a donné son nom au site domine le réseau de sentiers qui zigue-zague entre les euphorbes balsamiques.
Il est facile de trouver au hasard des chemins la Pie-grièche grise des Canaries, les Pipits de Berthelot et les martinets unicolores. En arrivant au bord de l'eau un Courlis corlieu prospecte les vasques et en continuant vers l'Ouest nous trouvons un petit plan d'eau qui abrite un Grand gravelot, un Bécasseau sanderling et un Chevalier guignette. Tous à l'unité. Des moineaux espagnols surveillent les palmeraies. Nous n'avons pas vu les Gravelots à collier interrompu.
Visite de la Cueva del Viento et zona de acampada de los Pedregales
Par curiosité j'ai pris une visite guidée pour le tunnel de lave situé du côté d'Icod. L'endroit est impressionnant par ses dimensions et permet d'interpréter le fonctionnement de ce genre de formation mais ce n'est pas particulièrement beau, pas de spéléothèmes (type stalagtites).
Nous dormons sur une zona de acampada magnifique, la seule vraiment bien du voyage finalement ... Avec des toilettes qui restent ouvert la nuit ainsi qu'une douche à l'air libre.
Les terrasses d'une ancienne ferme ont été aménagées pour mettre quelques tentes et pique-niquer. Au milieu des palmiers et autres plantes thermophiles il y a quantité de Fauvettes mélanocéphales et à tête noire, Serins des canaries, Rougegorges des Canaries, Pouillots des Canaries, Mésanges Nord-africaines, des Perdrix gambra, une nichée de Faucons crécerelle dans une ancienne carrière en contrebas et de nombreux lézards.
Randonnée en boucle sur la Punta Teno : 14km et 850m D+/-
Depuis le hameau de San Jeronimo, connu comme Teno Alto, nous descendons en direction de la mer par une succession de terrasses puis à travers les succulentes. Nous croisons quelques petites fermes avec des chèvres et des poules.
Dans les champs cultivés de céréales nous apercevons régulièrement des Bruants proyer. Sur la côte les vagues ont apporté du sel qui se dépose en couche épaisse dans les anfractuosités.
Nous remontons par une petite sente de berger qui par de la chapelle en ruine. L'itinéraire est magnifique et sauvage à travers un paysage aride.
Direction las Lajas, au pied du Teide. Mauvaise surprise après los Pedregales : la zone est dans une pinède clairsemée, battue par le vent. Le sol nu et l'absence d'ombre participent à une ambiance assez hostile.
Zona de acampada de las Lajas et Paisaje Lunar
Ce site à quand même l'intérêt d'héberger de nombreux Pics épeiche des Canaries ainsi que des Pinsons bleus de Tenerife. Nous passons une partie de la matinée à les observer et à les photographier.
Nous continuons la journée en randonnant vers le site de Paisaje Lunar. Une zone de cendres compactées sculptées en cheminées de fées par l'érosion. Une piste en assez bon état permet de s'approcher du site et de bien raccourcir l'itinéraire sans intérêt à travers la pinède. Les chemins autours du site sont colorés par les Cistes de Montpellier.
Ascension du Teide par le pico Viejo, plus haut sommet d'Espagne : 12km et 1700m D+/-
Pour fêter mon anniversaire je pars à minuit de Boca Tauce dans la Caldera pour rejoindre le sommet du Teide à plus de 3700 mètres. Pour atteindre le sommet du volcan il faut demander un permis plusieurs mois à l'avance. Ne l'ayant pas fait et vu que la pleine lune brille c'est l'occasion parfaite pour une montée nocturne.
La première partie est un court chemin à travers une coulée de lave aa, c'est assez spectaculaire, les blocs de lave crissent sous les semelles. L'itinéraire rejoint ensuite une piste 4x4 sans dénivelée qu'il faut suivre sur plusieurs kilomètres, pendant environ une heure.
La piste s'arrête quand commence la montée. Le sentier chemine à travers des cendres volcaniques sans cohésion jusqu'aux Nariz del Teide, plutôt éprouvant, encore une autre heure.
La cendre laisse place aux pierriers et à de meilleurs sentiers jusqu'à l'énorme cratère du pico Viejo. Puis on rejoint le belvédère et son chemin empierré en balcon jusqu'à la gare de téléphérique.
Les derniers 200 mètres se font en partie sur des escaliers en pierre. Le cratère est jaune pâle, fume et dégage une odeur de souffre. On voit les lumières des villages côtiers au loin. La nuit est fraîche et bleue, il n'est que 4h du matin et je n'est pas vraiment prévu de couches chaudes. Je prends donc le chemin du retour par le même itinéraire.
J'arrive à las Lajas pour le petit déjeuner !
On visite le centre des visiteurs du Portillo, le jardin botanique à une petite source à laquelle nous observons un Pic épeiche boire.
Globalement les sites de la Caldera du Teide sont très beaux mais envahis de touristes nous n'avons du coup pas pris le temps de vraiment visiter.
Zona de acampada de Las Calderetas
Une zone plutôt accueillante située dans les lauriers. Beaucoup d'oiseaux qui viennent boire au robinet et sur les tables de pique-nique : Pics épeiche, Rougegorge, Mésanges Nord-africaine Pinsons des Canaries et des Bécasses qui croulent au dessus de la tente au crépuscule puis à l'aube. Probablement aussi des pigeons de Bolle ou des lauriers.
Randonnées dans le Parque Rural de Anaga
Nous passons deux journées à marcher dans le parc d'Anaga. Les reliefs sont faits de vallons profondément entaillés dans la côte, la végétation passe de la Laurisilva baignée de brouillard épais aux succulentes écrasées par le soleil avec des passages en Bruyères arborescentes secouées par les bourrasques. Les petits villages sont restés authentiques et il à l'air d'y faire bon vivre.
Pour la première boucle nous partons de Chamorga par le Barranco pour rejoindre le Faro de Anaga. Belles vues sur de petits ilôts. 7km et 600m D+/-.
La deuxième boucle part de Taborno et descend vers la côte d'abord vers l'Est puis vers le Nord dans le barranco de Afur à partir de Ermita de San Pedro. La remontées se fait par un sentier de berger difficile à trouver au départ puis très sauvage avec de vieilles marches taillées dans une roche rouge tendre. 9km et 800m D+/-.
Réserve naturelle du Malpais de la Rasca
Pour finir nous passons une dernière demi-journée dans cette réserve en bord de mer. Le paysage est particulièrement aride, seulement quelques Euphorbes des canaries parviennent à dominer le sable et les blocs de lave acérés.
Les abords sont assez troublants, un complexe balnéaire est venu s'implanter en limite et impose une urbanisation rectiligne au désert originel.
Sous le soleil brutal nous trouvons rapidement quelques Pie-grièches grises puis détectons enfin au chant des Fauvettes à lunettes. Dernière observation de ce voyage ornitho aux Canaries.
Les endroits de nature que j'ai préféré aux Canaries
Sur La Gomera :
- Les alentours d'El Cedro pour la forêt de Lauriers et l'ambiance tropicale du petit village
- Les maisons colorées du haut du village d'Hermigua
- Le camino real d'Agulo pour ses fleurs
- Les alentours de Vallehermoso pour les genévriers et la culture de la sève de palmier
- Le paysage autour d'Arure que j'aurais voulu mieux connaître
- Le sauvage barranco de Guarimiar
- Le ferry entre Tenerife et la Gomera
Sur La Palma :
- Les randos dans la cendre sur la Cumbre Vieja et le corbeau d'El Pilar
- La vue sur la caldera depuis Roque de los Muchachos
- L'accueillant refuge de Punta de los Roques
- Les pillow lavas des gorges de la Caldera de Taburiente
- Faire le tour de toutes les piscinas naturales
Sur Tenerife :
- La zona de acampada de los Pedregales pour son abondance d'oiseaux et sa douceur de vivre
- L'ascension nocturne du Teide
- Les petits sentiers de berger de Teno et d'Anaga
- Les oiseaux "apprivoisés" de la zona de acampada de las Calderetas
- L'ambiance brûlée du Malpais de la Rasca
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