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Voyage ornitho et randonnées itinérantes lors d'un séjour aux Canaries

Dernière mise à jour : 14 oct. 2022


Depuis longtemps l'idée d'un voyage aux Canaries me trottait dans la tête. Travailler une saison sur l'une des îles, en profiter pour visiter les autres, et faire du bateau-stop quand les alizées se mettraient à souffler en début d'hiver.


Finalement ce long voyage n'a jamais pu avoir lieu et en fin d'hiver 2022 nous décidons d'organiser un séjour plus court. De fin-avril à fin-mai nous sommes parti dans l'idée d'un voyage ornitho, à la découverte des oiseaux endémique de l'archipel.


Nous avions l'intention de voyager à vélo, de traverser les sept îles pour chercher les meilleurs endroits où observer les espèces rares. Pour des raisons personnelles nous avons du laisser les vélos en France, et nous nous sommes orienté vers un voyage de randonnée itinérante. Il faut s'avoir s'adapter ! Le GR 131 traverse toutes les îles, de Lanzarote, la plus à l'Est à El Hierro, la plus à l'Ouest.


Randos ornitho aux Canaries
Fauvette mélanocéphale dans la végétation

Camping au Canaries

Une fois de plus nous avons remis en cause cette option. L'itinéraire paraît assez attirant mais il nous a paru difficile à réaliser en camping sauvage, comme nous en avons l'habitude. D'une part parce que les zones où l'on peut bivouaquer ne sont pas légion, beaucoup de pente, beaucoup de végétation exubérante et/ou piquante. D'autre part parce que les occasions de faire le plein d'eau sont rares également. Les campings sont presque inexistants : 1 seul sur La Gomera et 3 ou 4 sur La Palma.


Le camping sauvage est théoriquement interdit et il n'y a quasiment pas de campings classiques. Au dire des locaux, le lobby des chambres d'hôtes poussent les municipalités à refuser la créations d'espaces qui pourraient leur faire concurrence.


Sur Tenerife il y a de nombreuses "zonas de acampada" où il est possible de planter la tente gratuitement sur réservation. Mais elles ne sont pas toujours bien accueillantes ou bien placées. L'eau est souvent "non potable", les toilettes sont en général fermés entre 17h et 9h, et il y a rarement des douches. L'option de dormir dans les nombreuses "Casa rurales" assez bon-marché serait à envisager.


Séjour ornitho aux îles Canaries
Serin des Canaries, l'ancètre du fameux Canari

Voyager à vélo aux Canaries

Nous sommes finalement assez contents de ne pas avoir pris les vélos. Les îles de l'Ouest (El Hierro, La Palma, La Gomera, Tenerife, Gran Canarias) sont très raides. Les routes, surtout celles qui remontent de la mer sont extrêmement raides. J'avais parfois peur de caler, en 1ère, avec la voiture de location que nous avons louer sur la deuxième partie du voyage. A vélo je pense que nous aurions un peu transpiré !


Pour finir nous avons découpé le voyage en 3 :


- Randonnée itinérante et ornitho sur La Gomera (environ 1 semaine)

- Randos journées autour des volcans de La Palma (environ 1 semaine)

- Randos journées et ornitho sur Tenerife (environ 10 jours)


Pour trouver les meilleures endroits où voir des oiseaux nous avons suivi les conseils de l'excellent guide naturaliste Crossbill - Canary Islands. Par contre, nous avions aussi acheté le guide de randonnée Cicerone - Trekking Canary Islands qui s'est révélé assez inutile. Les chemins de rando sont très bien balisés sur le terrain et avec une application GPS qui donne les fonds de carte OSM on s'en sort très facilement.


Itinéraires ornitho aux Canaries
Pie-grièche grise sur une euphorbe des Canaries

Etages de végétation aux Canaries, et leurs flore et faune associés


L'altitude et l'exposition aux Alizées découpe les îles en micro-climats particulièrement marqués. Dans l'ordre, on trouve (espèces typiques mais beaucoup peuvent être trouvées à d'autres étages) :


- la frange littorale : Ficoïde glaciale, palmeraies sous serres, Pipits de Berthelots, Faucons crécerelles, Martinets unicolores, ...


- l'étage des plantes succulentes : Euphorbe des Canaries, Euphorbes balsamiques, Pie-grièches grises, Fauvettes à lunettes, ...


- l'étage des plantes thermophiles : cultures potagères, palmiers, avocatiers, papayers, ricin, Figues de Barbaries, Pouillots des Canaries, Serins des Canaries, Mésanges Nord-Africaine, Fauvettes mélanocéphales, Tourterelles des bois ...


- la Laurisylva : Lauriers, nombreuses fleurs sur les talus ensoleillés, végétation de sous-bois, Merles noirs, Pinsons des Canaries, Pigeons des lauriers et de Bolle,


- l'étage de la bruyère arborescente : bruyère, graminées, Digitale des Canaries, Roitelets de Tenerife, Rougegorge familier, ...


- les champs de céréales : Perdrix gambra, Bruant proyer


- la pinède : pins des Canaries, Cistes, Pinsons bleus (seulement Tenerife), Pics épeiches, grands Corbeaux, ...


- les hautes-terres : Violette des Canaries, Vipérine de Tenerife, Craves à bec rouge (seulement La Palma)


Où observer les oiseaux aux Canaries
Pipit de Berthelot en train de chasser

Trekking et rando itinérante sur La Gomera, Canaries


Étape à El Cedro : 5km et 600m D+

Après avoir rapidement fui Tenerife et ses resorts all-inclusive nous avons pris le ferry pour San Sebastian de la Gomera. Les ferry sont de bons moyens d'observer les oiseaux marins. Beaucoup de Puffins cendrés et des cétacés, probablement des globicéphales, sont au rendez-vous.


Astuce : Les bateaux de la compagnie Fred Olsen sont plus bas que ceux de Armas. L'angle de vue et la plus faible hauteur permet de meilleures photos !


Nous prenons le bus pour rejoindre le seul camping de l'île situé dans la forêt de Laurier, la route tortueuse donne de magnifiques points de vue sur les vallées veinées de Dykes. La laurisylva est un éco-système particulier des archipel de l'atlantique et particulièrement bien préservé sur La Gomera. El Cedro est le cœur accessible du massif forestier. Pas de transport en commun pour la dernière partie, nous rejoignons le hameau par une route aux talus couverts de fleurs puis un sentier de randonnée.


Astuce : Il existe une coupante pour éviter le dernier petit col en passant par un tunnel qui conduisait l'eau d'une vallée à l'autre. Lors de notre visite une éboulement du plafond avait retenu l'eau sur une bonne partie du parcours. Méfiance. D'autre-part le stop n'est pas très efficace ...


Aux alentours du villages, dans les jardins et aux lisières, de nombreux Pouillots des Canaries, Pinsons des Canaries et des Merles noirs.


Dans la forêt, il règne une humidité constante due aux Alizées qui amoncellent les nuages contre les versants Nord. La forêt capte l'humidité et la restitue en partie, donnant naissance au petit ruisseau d'El Cedro, plus grand court d'eau de l'île, voir de l'archipel. La terre est rouge, on peut voir dans certaines falaises l'amoncellement de bombes volcaniques anciennes. La végétation est exubérante : joubarbes géantes, fougères, mousses couvrant les arbres tordus, ... Il fait frais, nous sortons la doudoune la 1ère matinée.


Dans le village, nous apercevons nos 1ers serins des Canaries (canaris) qui mangent des graines sur les fleurs des jardins.


Randonnée à El Cedro, La Gomera, Canaries
Laurisilva à El Cedro, La Gomera

Rando vers l'Alto de Garajonay : 15km et 750m D+/-

Depuis El Cedro nous empruntons en sens inverse par rapport aux indications, le chemin 18, qui balise l'itinéraire jusqu'à l'Alto de Garajonay, le point culminant de l'île. En sortant de la Laurisylva on arrive dans la Bruyère arborescente. Nous croisons et surtout entendons le chant des Roitelets de Tenerife et des Rougegorges.

En sortant des derniers arbres, il n'y a plus que des fleurs et des graminées. Le vent est assez fort mais a dégagé la vue. Elle porte jusqu'à Gran Canarias, le Teide voisin est omniprésent.


Nous continuons la route 18 pour redescendre, par moment le long d'une crête d'où un magnifique Sylke se détache, le Roque de Agando. La boucle est à faire sur la journée pour avoir le temps de faire quelques observations en chemin.


Randonnée à Alto de Garajonay, La Gomera
Roitelet de Madère dans les bruyères arborescentes

Descente par les sentiers sur Hermigua : 10km et 1000m D-

Nous empruntons le sentier escarpé mais sans difficulté qui longe le cours d'eau du Cedro et la cascade du Chorro de Agua. Le climat se réchauffe à mesure que nous rentrons dans l'étage des plantes thermophiles.


Astuce : On l'oublie un peu au vu des dimensions de l'île mais les dénivelés sont vite importants. Pensez à regarder les altitudes en lisant la carte. Ça chauffe les cuisses !


Le chemin longe les terrasses cultivées et rejoins les premières maisonettes colorées : Palmiers de la Gomera, vignes et Ricins sauvages ont supplantés les lauriers. On croise des Fauvettes à tête noire, des Chardonnerets élégants et des Serins.


Dans le parc d'Hermigua, sous la route principale, on observe des libellules, des Foulques, des Gallinules et de nouveau pas mal de Fauvettes à tête noire plutôt confiantes, puis des pipits de Berthelot en arrivant à la côte.